samedi 7 mai 2016

l'institut goethe

En janvier 1961, le Dr Felix Th. Schnitzler a dispensé le premier cours d’allemand à Yaoundé. Il venait de Douala et avait emprunté le pont de la Sanaga qui relie les capitales économique, culturelle et politique. En automne de la même année, une succursale du Goethe-Institut a ouvert ses portes à Yaoundé. Le Cameroun et l’Allemagne se trouvaient respectivement en plein bouleversement politique lorsqu’en 1961 le Goethe-Institut ouvre ses portes à Yaoundé. Le Cameroun venait alors d’acquérir son indépendance un an auparavant et la division de l’Allemagne venait d’être scellée par la construction du mur de Berlin. Au départ, le travail du centre culturel allemand se limitait uniquement aux cours de langue. Dans les années 60 le programme du Goethe-Institut fut enrichi par des activités culturelles. En plus de la coopération avec le Ministère de la Culture et d’autres autres institutions culturelles camerounaises, la coopération avec les partenaires français restait d’une grande influence dans le travail de programmation culturelle. Le traité de l’Elysée signé en 1963 entre la France et l’Allemagne – les deux puissances coloniales d’antan – réglementait la coopération entre les deux états, y compris la coopération culturelle franco-allemande au Cameroun. La vie culturelle au Cameroun dans les années 60 – 70 était dominée par des tendances classico-traditionnelles. Le programme culturel du Goethe-Institut était dominé par des spectacles de musique classique ou de musique traditionnelle africaine. Afin de rendre populaires les rencontres interculturelles et d’atteindre un public plus jeune, des spectacles à caractère sportif furent insérés dans le programme culturel. La première période du programme culturel du Goethe-Institut essentiellement dominé par des manifestations à tendance classico-traditionnelle va connaître dans les années 80 un véritable bouleversement : l’opinion publique camerounaise commençait à discuter d’une part, du rôle des institutions culturelles étrangères dans le pays et d’autre part de toutes les questions liées au dialogue interculturel. Le Goethe-Institut tiendra compte de ce débat qui fera partie intégrante de son programme d’action. Ce débat se fera ressentir dans la coopération culturelle, entre autre à travers la collaboration entre artistes camerounais et allemands dans les domaines suivants : jazz, théâtre et art plastique. La collaboration entre plasticiens était dominée par des discussions sur la réorientation de la formation académique à dominance française, vers plus de spontanéité, de créativité, d’autonomie et de valorisation de l’individuel. La peinture ne semblait pas être le seul moyen adéquat d’expression pour la jeune génération d’artistes africains. Au contraire, ils commencèrent par des installations et des collages, et trouvèrent par exemple de grosses affinités avec le dadaïsme, qui avec ses exigences de changement des valeurs, touchait l’âme des jeunes artistes en herbe. L’arrivée du néodadaïste Timm Ullrichs en 1994 au Cameroun fut une sorte d’élément déclencheur pour les jeunes artistes camerounais qui commencèrent à comprendre que leur art et leur vie ne faisaient que un. On découvrit des formes expérimentales, de nouvelles mises en scène et formes, imprégnées des formes conventionnelles habituelles, purent éclore ; ces dernières travaillèrent pour la première fois de façon interdisciplinaire. C’est à ce moment là que les artistes camerounais commencèrent à travailler avec le film vidéo qu’ils lièrent à la performance en lieu public. Au fil des ans, on vit se développer, en étroite collaboration avec le Goethe-Institut Kamerun et les instituts Goethe d’Afrique, encore et toujours de nouvelles réflexions sur le devenir de l’art contemporain en Afrique, et comment celui-ci devrait être développé et présenté de façon collective. La période de prospérité des années 80 et 90 fut interrompue par des bouleversements politiques. Au Cameroun comme en Allemagne, le débat politique était dominé, d’une part par la crise économique de la fin des années 80 au Cameroun, et d’autre part par la chute du mur de Berlin et la réorientation de la politique internationale en Allemagne. Cette période a été marquée par des évènements marquants de politique intergouvernementale entre le Cameroun et l’Allemagne, à savoir la visite de l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl au Cameroun en 1987. La signature en 1988 du traité culturel germano-camerounais encadrait ainsi juridiquement la coopération culturelle. Le traité culturel germano-camerounais jetait ainsi les bases fondamentales de l’engagement du Goethe-Institut dans le domaine de la coopération culturelle entre les deux pays. Pendant qu’au niveau de la coopération culturelle les nouvelles tendances suivaient leur cours, on renforçait parallèlement la coopération dans le domaine de l’éducation. La coopération avec le Ministère de l’Education et les inspecteurs d’allemand camerounais était et demeure importante pour la formation continue de professeurs, la promotion de l’échange, l’établissement de réseaux et le développement de programmes de bourses d’études. C’est dans cette foulée qu’on encouragea aussi bien le développement des programmes de formation professionnelle pour jeunes enseignants d’allemand, en collaboration avec le ministère camerounais de l’éducation, que la création des réseaux et d’échanges spécialisés en allemand langue étrangère à travers un programme de bourses, d’échanges et de recyclage des professeurs d’allemand. Cette coopération a atteint son point culminant entre autre en 2008 grâce à l’ouverture de deux centres d’apprentissage (SLZ) de la langue, en collaboration avec les structures partenaires camerounaise et l’initiative des écoles partenaires (PASCH) du ministère allemand de l’extérieur ; ce qui a conduit à l’ouverture de cinq écoles partenaires au Cameroun et deux écoles partenaires au Gabon en 2008. Depuis sa mise en place au Cameroun, plus de 50 ans se sont écoulés. L'institut Goethe restera à jamais un symbole pour la culture camerounaise.