jeudi 27 juin 2013

Héritage du patrimoine colonial

Le patrimoine architectural de l’époque coloniale allemande (1884–1919) et de la période sous administration française et britannique (1919–1960) a laissé des traces. Il occupe une place à part, mais néanmoins significative. Un inventaire systématique de la ville de Yaoundé révélerait bien des édifices non identifiés. Citons dans la capitale plusieurs maisons de l’époque allemande, notamment celle qui abrite désormais la délégation provinciale du Centre pour la culture et le Palais de Charles Atangana édifié de 1911 à 1913. Façade principale du Palais Charles Atangana (1911–1913)à Yaoundé, avant la restauration.
Quelques années plus tard, est bâti l’ancien Palais présidentiel dont le corps central a été construit par l’administration française en 1932 et auquel des ailes latérales ont été rajoutées, après l’indépendance, avec un grand respect du style initial. Ancien Palais présidentiel à Yaoundé. Corps central construit à l’époque française en 1932. Aujourd'hui il est devenu le musée national.
. La ville de Douala conserve de nombreux bâtiments, pour certains de grande qualité architecturale. Ainsi l’hôpital allemand, construit de 1891 à 1896, que les Français agrandissent en 1930. Ancien hôpital allemand, dit aussi Hôpital des Blancs (1891–1896 et 1930). L’extension réalisée par les Français a respecté le parti architectural retenu initialement. Actuellement les locaux sont utilisés par le Ministère de la culture, comme poste de police, siège d’associations et habitat privé.
la résidence du commerçant David Mandessi Bell, remarquable construction élevée vers 1910 qui n’est pas sans subir l’influence de l’hôpital et le palais du roi Auguste Manga Ndumbe, dit la Pagode, bâtiment composite du début du XXe siècle, qui est par sa valeur monumentale le symbole du pouvoir autochtone, première moitié du XXe siècle.
. Enfin, de l’époque française retenons la Chambre de commerce (1927–1928), quartier général de la France libre en 1940.
. le Palais de Justice (1930–1931), la cathédrale, achevée en 1936, accompagnée de l’ensemble scolaire de Saint–Jean Bosco, l’Akwa palace construit en 1951 et la nouvelle poste centrale de 1952. Dans les provinces, de nombreuses autres villes conservent également des témoins de cette époque : Batouri, Doumé, Garoua, Lomié, Mamge, Messamena, Ngaoundere, Ntui, etc. Malheureusement, aujourd'hui faute de financement suffisant et surtout d'intérêt culturel, tbeaucoup de ces vestiges sont en ruines. Sauf quelques uns, dont le musée national que j'ai pu voir hélas sans le visiter, lors de mon dernier séjour en 2011. Cette richesse est néanmoins la trace d'un héritage historique.

mercredi 12 juin 2013

Amilcar Cabral le révolutionnaire

Amilcar Cabral est l'un des plus grands révolutionnaires que l'Afrique ait connu, pour son combat pour la révolution en Guinée Bissau et au Cap-Vert. Il est né en Guinée portugaise l'ancien nom de l'actuelle Guinée-Bissau lors de la colonisation portugaise, de parents Cap-Verdiens. Le cap vert étant une ancianne colonie Portugaise, il part étudier l'agronomie à Lisbonne où il demeurera jusqu'en 1952. Il découvre et fréquente des militants favorables à la libération des colonies africaines de l'empire colonial portugais. Certains de ces militants deviendront des meneurs de la lutte indépendantiste en Afrique lusophone, occidentale et australe, tels Mario de Andrade, Agostinho Neto, Viriato Da Cruz qui deviendra le 1er secrétaire du Mouvement Populaire pour la Libération de l'Angola. De retour en Guinée-Bissau comme agronome, il entend contribuer à améliorer la condition de son peuple et mettre fin à la domination coloniale portugaise. En 1956, il fonde, avec Luiz Cabral, son demi-frère qui sera le futur président de la république de Guinée-Bissau, et aussi Aristide Perreira qui sera lui, plus tard, le futur président de la république du Cap-Vert. Ensemble ils fondent le PAIGC, Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée et le Cap Vert qui devient une organisation clandestine. Le PAIGC se bat contre l'armée portugaise sur plusieurs fronts à partir des pays voisins, la Guinée Conakry notamment et la Casamance, province du Sénégal. Ce parti clandestin parvient peu à peu à contrôler le sud du pays, mettant en place de nouvelles structures politico-administratives dans les zones libérées. Parallèlement, Amílcar Cabral déploie une activité diplomatique extrêmement intense pour faire connaître son mouvement et en légitimer l'action auprès de la communauté internationale. Enfin en 1972, les Nations unies finissent par considérer le PAIGC « comme véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert ». Malheureusement au fur et à mesure que le parti prend de l'importance, des tensions apparaissent dans le parti. La guerre du pouvoir s'installe progressivement. Les hommes forts du parti veulent la place et la peau d'Amílcar Cabral. Six mois seulement avant l'indépendance de la Guinée-Bissau, Amilcar est assassiné le 20 janvier 1973 à Conakry, capitale de la Guinée. Les assassins sont des membres de son parti, vraisemblablement manipulés par les autorités portugaises et bénéficiant de complicités au plus haut niveau dans l'État guinéen. Amilcar Cabral ne verra donc jamais la reconnaissance de l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert par le Portugal le 10 septembre 1973, cause pour laquelle il a combattu pendant plus de vingt ans. Ainsi s'achève le destin de ce grand homme. Hommage à sa gloire.